François Heaulmé


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Expositions Critique





Critique





François Heaulmé: l'abîme du regard
par Lydia Harambourg


Cette exposition a pris des allures de rétrospective. François Heaulmé, le jeune espoir de la peinture figurative française après la guerre (il est né en 1927) a franchi les étapes de l’exigence, attaché à poursuivre une quête picturale et spirituelle. Aucun compromis n’a endigué un parcours inflexible et lumineux. Depuis sa seconde exposition "Guerre et Paix", en 1963, galerie Hervé, jusqu’aux peintures récentes, dont certaines reprennent ce thème, voici déclinés les sujets emblématiques d’une humanité en quête de rédemption, prise entre la sauvagerie et la grâce. [...]

publié dans "La Gazette de l'Hôtel Drouot", 20 mai 2005.



"Faire accoucher des forces aveugles"
par Alain (Georges) Leduc


[…] Il y aura eu cet accrochage des peintures et des monotypes de François Heaulmé, du 18 mars au 6 juin de cette année. "Chaque fois que les sciences de la nature, les sciences sociales, les sciences humaines m’assaillent de leur séduction, je veux me dégager de cette emprise-là par la peinture" proclame cet artiste. "Ces savoirs, qui éveillent l’intelligence, me font à l’inverse sur la conscience l’effet d’anesthésiants. Ils l’endorment au sens où l’expression populaire ' Tu m’endors' sous-entend : Tu es en train de m’abuser, me distraire, me divertir pour mieux me masquer l’essentiel, voire un désagrément à venir".

publié dans "Midì-Pyrénées patrimoine", avril-juin 2005.



L'envers du visible

[...] Dépouillés, les monotypes de Heaulmé approchent une sérénité toute extrême-orientale. Ses “Paravents” flottent entre deux mondes, ouvrant des portes étranges sur l’envers du visible. “A l’opposé d’une matière jobarde, jouant des acrobaties, des pirouettes, des facéties convulsives gratuites et autres artifices, j’ai cherché une matière comme en désaveu d’elle-même. De peu, au seuil du vide, faire jaillir le mot : chair !” déclare l’artiste.

publié dans "Cahors magazine", mars-avril 2005.



François Heaulmé: monotypes et peintures
par André Parinaud


[...] Sa haute technique du monotype auquel il s'intéresse depuis 1967 atteint une puissance de spontanéité exceptionnelle et ses nouvelles expositione illustrent remarquablement le rôle du "métier" dans l'acte créateur. Depuis Rembrandt, Castiglione et William Blake, Degas, qui sont les auteurs majeurs du monotype et qui lui ont conféré son identité, nous savons de quelles ressources dispose l'artiste dans ce domaine où Heaulmé excelle. Villon, Max Ernst, Dubuffet, dans leurs travaux, l'ont utilisé comme un "laboratoire". Heaulmé, on peut le dire, a réalisé dans sa solitude des œuvres complètes sur le thème de la "suavité de l'horreur" qui reste son sujet et est devenu son style...

publié dans "Aujourd'hui Poème", octobre 2004.



Heaulmé: un monde énigmatique
par C.C.


[...] Dans les tableaux plus récents, la matière s'allège jusqu'à la "maigreur", laissant apparaître çà et là la trame du support, la palette s'illumine...

publié dans "Nice Matin", avril 1998.



François Heaulmé:
une méditation au cheminement elliptique

par Marc Hérissé


[...] Le théâtre nouveau qu'Heaulmé nous offre aujourd'hui n'est plus habité de cadavres, de pendus ou de personnages dérisoires mais de créatures étranges, d'animaux bizarres qui nous font basculer dans le visionnaire. Et tout cela exprimé dans une palette superbe sur des fonds aux transparences subtiles qui éblouissent le regard: un univers qui nous fait méditer sans cesse sur l'insignifiance de notre vie...

publié dans "La Gazette de l'Hôtel Drouot", mars 1998.



Les monotypes de François Heaulmé:
frissons sur papier de soie

par Jean Rollin


[...] Comment décrire ces monotypes? Ce sont des motifs linéaires et des taches; des raffinements d'ailes, de vrilles et de tiges élancées, des belles de nuit et des griffons dans des corolles; des parterres célestes sur fond de nacre et de velours. Heaulmé poursuit, depuis vingt ans, de passionnantes recherches. Le premier, croyons-nous, à utiliser le papier de soie comme support, il y découvre un moyen parfait d'obtenir le maximum d'intensité chromatique avec le minimum de matière picturale...

publié dans "L'Humanité", décembre 1989.

"Heaulmé... la sérénité d’un art dépouillé"
par Jean-Marie Dunoyer


Heaulmé oscille entre la sérénité d’un art dépouillé, rigoureux, impassible et un expressionnisme morbide. Il s’agit moins d’une recherche qui s’exerce sur deux registres que du comportement d’un être déchiré. Devant le dualisme – le duellisme – d’une exposition qui groupe toiles, dessins, monotypes, on est en droit, en effet, d’imaginer les combats qui se livrent en cet homme. Pour fuir ces hantises que matérialise un bestiaire répugnant, dénoncé par un cruel humour – crapauds, escargots torturés, rats gigantesques et voraces et cette mégère gobeuse de mouches –, il se réfugie dans la peinture pure et quasi géométrique qui juxtapose savamment les surfaces planes aux teintes pâles et assourdies (Coufidou dans l’Atelier, Atelier, le Linge…). L’une et l’autre manière ne supportent pas l’indifférence.

publié dans "Le Monde", février 1983.

"Heaulmé... il a balayé ce vieux théâtre"
par Jeanine Warnod


La carrière d’Heaulmé est en dents de scie avec ses alternances de conflits et de silences. A ses débuts dans les années soixante, attiré par le clair-obscur, il fonce tête baissée dans un expressionnisme imprégné de Rembrandt et de Goya.
A présent, il a balayé ce vieux théâtre et repart sur d’autres pistes, toujours en quête d’un constat, mais avec d’autres moyens. Il construit un décor très dépouillé avec colonnes, portes et fenêtres. Ses acteurs principaux, des animaux, chiens, crapauds au monocle, rats, escargots dont le regard globuleux, la bave gluante, le teint gris et la peau flasque donnent un aspect morbide à des scènes étranges...

publié dans "Le Figaro", février 1983.



La transformation d'Heaulmé
par Alain Bosquet


[...] L’exposition à la galerie Hervé Odermatt nous montre un Heaulmé transformé. Il s’est débarrassé de ses démonstrations de folle habileté, et son pinceau se refuse les volutes et les baroquismes de naguère. Il va à l’essentiel, et cet essentiel n’est pas aisé à cerner. D’abord, la couche de peinture est réduite à une minceur toute monacale, et les "blancs" se sont faits nombreux, tantôt électriques, tantôt fuyant vers le rose pâle ou le verdâtre: une atmosphère de lente et perfide accusation, sans qu’on sache qui est l’accusé ni l’accusateur. Dans chaque toile apparaît un décor vide: scène, théâtre désaffecté, tentures, rideaux, colonnes, espace où on se demande pourquoi personne ne vient déclamer quelque texte salvateur. C’est une peinture de l’absence, du néant, de la culpabilité, de la solitude par-dessus tout...

publié dans "L'Œil", mars 1975.



Les théâtres d'Heaulmé
par Alain Bosquet


[...] Depuis Bacon et Balthus, il est rare qu’un peintre ait donné une vision si pénétrante du désespoir sans les signes du désespoir. Que ce soit avec une économie et une sérénité pareilles témoigne de l’insondable discipline d’Heaulmé. Une humeur beckettienne invite le spectateur à une concentration indispensable même si elle est difficile à soutenir. Il faut voir une toile d’Heaulmé face à face, sans témoin, univers intérieur contre univers intérieur. Le théâtre est en nous qui mène d’une angoisse agitée à une angoisse dominée. Après un long silence – et Heaulmé pourrait bien être notre seul peintre du silence – un apaisement finit par s’instaurer: nous sommes épouvantés et nous avons réussi à nous accepter...

Préface du catalogue de l’exposition "Intérieurs",
Galerie Hervé Odermatt, novembre-décembre 1974.

Heaulmé: Chez les X
par H.R. Friedmann


Très belle exposition à la Galerie Hervé avec les peintures truculentes d’Heaulmé, sous le titre "Chez les X". L’absurdité de la vie, le grotesque bourgeois et la folle vanité sont dénoncés, fustigés, éreintés par un peintre de mœurs doublé d’un voyant, à l’imagination délirante. Sa vieille femme nue, couverte de bijoux, chapeautée avec ses mitaines, est une créature balzacienne dont nous n’oublierons pas le visage ni l’effarant aspect. Heaulmé, peintre satirique, est indéniablement un créateur exceptionnel.

publié dans "Le Méridional La France", juin 1969.



Heaulmé: en quête de "sa beauté", il peint la laideur
par René Barotte


[...] Dès 1956, Hervé fut bouleversé par l'expressionnisme agissant de celui qui allait devenir un de ses "poulains". Un peu avant 1960 il lui dit: "Que de cadavres vous m'apportez là... Mais c'est beau, puissant. On ne vendra rien. Tant pis, je les expose!..." Tout fut vendu! Vers 1961, l'artiste eut le sentiment d'être touché par la grâce et d'être dégagé de ses maîtres; d'avoir trouvé sa vérité, son espace...

publié dans "L'Intransigeant", mai 1969.

"Heaulmé... options visionnaires"
par Jean Rollin


On ne résiste pas à la séduction de ces paysages. D’une exécution raffinée commandée par la passion de la lumière qui n’a cessé de dominer le peintre, une ferveur intense s’en dégage. La campagne livrée au flamboiement solaire, les frontières abolies entre le ciel et l’eau, les êtres et les choses non pas décrits, non pas figés mais fondus les uns dans les autres pour composer une atmosphère chatoyante, on songe aux brumes de Turner, aux fantasmagories du Monet de la Cathédrale, à Baudelaire disant que la "peinture est évocation, opération magique".
Le climat ainsi créé montre qu’en changeant de registre, Heaulmé a maintenu ses options visionnaires. La substitution d’une inspiration moins cruelle aux scènes frénétiques de la "Guerre et la Paix", le passage du clair-obscur au plein air ne lui ont pas fait oublier les vices de son époque. S’il faut un idéal pour les combattre, évitez d’affirmer qu’un crapaud qui regarde un cerf-volant, un crapaud-poète, "ça n’existe pas"... Pourquoi pas ? L’une des meilleures toiles de l’exposition témoigne que si grand soit l’abîme entre la réalité et le rêve, un espace lyriquement traduit peut les aider à se rejoindre. Mais que dans une toile de la même veine l’azur disparaisse, qu’un fond opaque le remplace, voilà le crapaud rendu à sa condition reptilienne et devenu un personnage redoutable, le Technocrate.
Chez Heaulmé, aux accents naguère désespérés, la découverte du plein air, c’est la joie...

publié dans "L’Humanité", 1966.

"Heaulmé... modulations de fonds très richement accordés"
par Guy Dornand


Bêtes écorchées vives, femmes et hommes torturés, tous des victimes du mal contre quoi Heaulmé clame sa haine légitime…
Impossible désormais de ne pas ajouter son nom à la liste glorieuse des artistes qui ont osé traité ce thème énorme pour le démystifier, en stigmatisant la réalité toujours menaçante… Callot, Goya, Picasso, Lorjou, Buffet, Masereel, d’autres encore trouvent un émule en ce moins de 40 ans qui a pensé son œuvre, non pas au hasard d’impulsions fantastiques, mais en composant, en ordonnant ses hallucinantes visions selon la logique d’un réquisitoire.
Il le fait dans un style pictural d’une manière ou d’une somptuosité peu banales. Sur les modulations de fonds très richement accordés, où les tons sombres, le rougeoiement des incendies et des blessures forment les bases du duo des clairs-obscurs tragiques, le pinceau de Heaulmé fait vibrer la lumière des chairs ça et là, introduit dans ses ciels un pan de bleu qui laisse présager les jours de la paix et de ses joies champêtres.
Rien de gratuit, de factice en cet expressionnisme de haute allure qui désigne en son auteur un peintre à la fois dessinateur et coloriste – et un Homme conscient du devoir des hommes.

publié dans "Libération", octobre 1963.



Guerre et Paix
par Jean-Robert Delahaut


[...] Peinture engagée? Position politique? Pas le moins du monde. Heaulmé est un homme, tout simplement. Un homme seul, libre et intensément individualiste. Et qui entend, comme tout artiste authentique dont l'art est la raison de vivre, rester souverainement indépendant. [...] François Heaulmé, prince du clair-obscur, sera le peintre des féeries heureuses.

publié dans "Terre d'Europe", n° 20, septembre-octobre 1963.

La Guerre et la Paix
par Marcel Zahar


Le grand spectacle en 24 tableaux que Heaulmé nous présente n’est pas précisément la traduction d’un cauchemar de passage. Au cours de mes entretiens avec l’auteur, je me suis convaincu qu’il n’est pas homme à se laisser emporter par des nuées. Il possède au contraire la faculté de bien peser les choses et c’est avec une logique cruelle qu’il élabore les chimères et dirige leurs déchaînements.
Sur ces tableaux, il engage la dialectique du fantastique à sa façon. Il encourage la course effrénée des instincts et de l’imagination. Puis il rappelle ces chasseurs et avec leur butin construit l’image de force d’un principe essentiel. [...]
Pour accéder à la représentation de l’Idée, l’artiste doit rassembler sans délai bien des moyens. Lorsque l’esprit lance ses fusées, la peinture les trace et projette sur la toile la gerbe terminale qui répand sur les motifs la lumière qui fait connaître leur signification profonde. [...]
L’ouvrage de Heaulmé qui, par son intention, rappelle les "Mystères" médiévaux, nous précipite jusqu’aux abysses du Mal. J’y vois beaucoup de Guerre, bien peu de Paix – qui me paraît telle une clochette au son cristallin attachée à la queue d’un dragon rugissant – et encore le désordre des séquences funestes se prolonge-t-il dans la peinture du Bien.
Heaulmé a-t-il atteint dans cette œuvre puissante, vaste, le point d’incandescence de son Idée servie par sa Passion ?

Préface du catalogue de l’exposition La Guerre et la Paix, Galerie Hervé Odermatt, 1963.



Un visionnaire: François Heaulmé
par Claude Roger-Marx


[...] Aujourd'hui Heaulmé aborde avec moins de fièvre de vastes compositione auxquelles il transmet son dynamisme et son romantisme. Rembrandt, Goya et Delacroix l'ont guidé dans l'organisation lumineuse et colorée de l'ensemble qu'il présente à la galerie Hervé: Personnages de comédie, Gitans, Les Saltimbanques, Suzanne et les Vieillards, La Brocante, tableaux dans lesquels, comme dans ses nus, il revient à cet instrument de connaissance et de synthèse systématiquement abandonné depuis l'Impressionnisme: le clair-obscur...

publié dans "Le Figaro littéraire", octobre 1961.

"Heaulmé... c’est une œuvre hors temps"
par Marie-Andrée de Sardi


Cet admirable jeune peintre semble avoir des siècles d’expérience derrière lui. Il nous apporte une vision à la fois neuve et éternelle, tant il est vrai que tout est recommencement. Il recommence la peinture et lui restitue le mystère, le sens sacré qu’elle avait dans les époques reculées. La représentation du visage humain avait une signification magique. Il est beau de voir un artiste rendre à l’être humain son importance. Heaulmé nous introduit dans le secret mystique d’un visage isolé comme dans celui du visage collectif d’un groupe auquel l’attente d’un événement donne une expression commune. Le miracle est proche.
Le clair-obscur, les chatoiements précieux qui sont allumés par des coulées de lumière, la profondeur et le velouté des fonds, le pétillement de clarté qui confère aux objets les plus humbles une beauté féerique, l’habileté suprême du peintre pour dégager d’un visage son caractère le plus essentiel et pour capturer ce qu’il a d’insaisissable, la sensualité des nus, l’éclat d’une chair qui fleurit dans la pénombre, tout concourt à l’envoûtement. On est pris, emporté au sein d’un incantation. Les visages "exaucés de lumière" prennent vie mystique et semblent participer à quelque mystère sacré [...] Pas d’outrance, pas d’emphase, pas de romantisme. Pas de déformation due à l’époque. C’est une œuvre hors temps dont la source est au plus profond de l’humain.

publié dans "Santé Publique", octobre 1961.

"Une émouvante et sombre poésie reçue dans l’œuvre de Heaulmé"
par Pierre Mornand


Il est évident que ce jeune artiste s’inspire fortement de Goya et de Rembrandt. On ne saurait choisir de meilleurs maîtres et il n’est pas à la portée de tout le monde de s’en montrer le digne élève.
Ce qui plaît chez Heaulmé, c’est la conscience, la recherche de l’œuvre parfaitement accomplie et il y parvient grâce à un talent de subtil coloriste, à de savants effets de clair-obscur. Ses nature mortes ont de magiques vibrations brunes et argentées, ses nus ont de généreux épanouissements aux harmonies grises, ses personnages, vieillards, saltimbanques, comédiens, sont empreints d’une rudesse parfois grimaçante, très caractéristique de l’âme espagnole.
Une émouvante et sombre poésie reçue dans l’œuvre de Heaulmé.

publié dans "Tout-Paris", octobre 1961.